Dans le code du travail, à propos de la santé et de la sécurité du salarié, il est un article capital. Le voici, tel qu’il est rédigé :
Article L.4121-1
L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.
Ces mesures comprennent :
1. Des actions de prévention des risques professionnels (…)
2. Des actions d’information et de formation
3. La mise en place d’une organisation et de moyens adaptés.
L’employeur veille à l’adaptation de ces mesures pour tenir compte du changement des circonstances et tendre à l’amélioration des situations existantes.
Si les différentes commissions santé, sécurité et conditions de travail, composées d’élus du CSE, ont accepté de travailler d’arrache-pied sur ce plan de reprise, voire même de faire le travail à la place de la direction (alors que, comme l’article du code du travail l’indique, c’est bien à l’employeur de tout préparer); il aurait pourtant été malvenu de se laisser prendre au piège d’une entente parfois surjouée par des représentants de la direction pressés d’obtenir une validation de principe des instances représentatives du personnel. C’est qu’il s’agit quand même pas moins de la santé et de la sécurité de tous les salariés.
Les échanges ont pourtant souvent été intéressants, mais ne ressort de ceux-ci, de la part d’Apple, qu’un principe cardinal qui a guidé tout du long leur vision : il faut adapter les mesures sanitaires au business d’Apple, et non adapter le business d’Apple aux mesures sanitaires. Préférer recouvrir le salarié d’équipements de protection individuelle plutôt qu’abandonner tous les services et l’encaissement mobile. Et d’autres points de discorde du même acabit.
Si certains se félicitent du travail effectué dans les commissions en concertation avec les market leaders et directeurs de magasins, assurez-vous bien du fait que les élues CGT nommées à la commission santé, sécurité et conditions de travail, l’une d’elles étant même secrétaire de la commission parisienne, n’ont pas compté leurs heures de travail sur l’élaboration du meilleur plan possible. Des idées ont été retenues, les discussions ont tout de même progressé.
Mais à l’arrivée, il faut voir au global, et il faut aussi prendre en compte l’arrogance d’Apple sur ces questions là. Ils veulent nous consulter sur un plan de reprise de l’activité, mais ils ne nous donnent aucun calendrier prévisionnel de réouverture. Nous voulons savoir comment les journées vont se dérouler en magasin, avec quel nombre de salariés en entrée, sortie, ascenseurs, en pause, comment les rotations sont gérées, comment les salariés vont se croiser etc… mais ils n’ont fait aucune projection. Pire, ils délèguent ce travail, d’importance stratégique dans la lutte contre le covid 19 en magasin, à des salariés au statut employé, et dont la fiche de poste ne prévoit pas pareilles responsabilités.
De plus, de nombreux risques liés de façon indirecte aux mesures prises contre le covid 19 n’ont pas été sérieusement envisagés, comme les risques psycho-sociaux, dus à l’accroissement des tâches à réaliser pour tout bien nettoyer, ou aux postes de travail qui vont se retrouver isolés des autres à cause de l’effectif réduit; ou bien les troubles ou gênes occasionnés par le port du masque sur un temps long; et même, pour finir, les risques chimiques dus à une sur-utilisation des produits chimiques, comme le gel hydro-alcoolique et les lingettes désinfectantes.
Pour toutes ces raisons, nous avons décidé d’émettre un avis négatif, lors d’une réunion préparatoire dans laquelle les arguments ont été échangés avec les élus de la CFDT et certains élus de l’Unsa. Il n’y a pas eu de mot d’ordre donné, chacun a voté en son âme et conscience, éclairé des rapports des CSSCT et des arguments des uns et des autres. D’ailleurs, l’on pourrait se demander qui donne vraiment des mots d’ordre quand certains lèvent toujours la main en choeur pour approuver les projets de la direction.
Pour finir, ce n’est donc qu’un avis consultatif qui a été rendu. Il n’empêche pas la direction d’avancer sur son plan de reprise. Néanmoins cet avis inscrit au pv de la réunion peut être utile dans le cas d’un litige lié aux mesures (ou à leur insuffisance) mises en place contre le covid 19. Il est donc intéressant pour TOUS les salariés.
Pour la réouverture, nous espérons en savoir plus bientôt, même si tout est encore flou, comme souvent.
D’ici là, portez-vous bien.